
L’auteur
Né en 1949, résolument lyonnais, mes études secondaires mouvementées m’ont trimballé,entre ma sixième au lycée Ampère et ma terminale au cours Pascal, de bahuts religieux en établissements laïques de proximité, puis de plus en plus lointains, réputation de cancre chahuteur oblige.

En juillet 1972, ayant inconsidérément refusé une confortable intégration au sein protecteur des E.O.R. (écoles d’officiers de réserve), j’ai dû endurer mon année de « sévice » militaire en Allemagne fédérale, comme simple troufion dans un bataillon semi-disciplinaire. Le poste administratif qui m’avait été confié me laissait le loisir de lire énormément… J’ai ainsi dévoré les séditieuses œuvres de Vian, celles aventureuses d’Hemingway et de Bazin, celles contestatrices de Soljenitsyne, aussi, celles historiques et sociétales Troyat et de Zola, et de bien d’autres auteurs, tout en entretenant une correspondance fournie avec les membres de ma famille, mes amis de lycée et de mon école niçoise. La confiance de mon capitaine m’autorisa même à ouvrir une section Karaté où je ferai mes premiers pas d’enseignant.
En 1973, quelques mois pas tout à fait perdus lors d’un premier emploi de billettiste dans la grisaille d’une agence de voyages à Valence me permettront de rencontrer celle qui sera mon épouse.
À la suite d’un quiproquo, je fus engagé en 1974 à l’agence lyonnaise de la Compagnie israélienne de navigation en tant que commercial sédentaire. Captivé par le côté concurrentiel de la tâche qui m’était confiée, je m’imposai en tant qu’interlocuteur préféré de la clientèle de l’agence. Sans m’en douter, je venais d’amorcer là une ascension spectaculaire au sein d’une profession nouvelle que je ne connaissais pas du tout. Son point d’orgue se situera en 1982 quand l’ouverture à Lyon d’une agence d’armement danois concurrent me fut confiée. Une pratique parallèle intense du Karaté meublait toutes mes soirées. Devenu une des incontournables figures locales à Lyon du transport maritime international (également nommé le « shipping ») grâce à mon investissement à la tête de mon équipe « commando », j’ai totalisé, de 1983 à 1990, un chiffre d’affaires constant d’environ 15 millions de dollars US par exercice…
Parvenu à la quarantaine, de plus en plus engagé dans la pratique martiale, passion plus qu’exutoire, je me vois enjoint, en 1990, d’accepter la direction commerciale France de cet armement, avec résidence à Paris. Réfractaire à la vie citadine et au parisianisme, et de toute manière d’ores et déjà usé, déçu et lassé par le monde des affaires, je décline cette brillante promotion. Désireux de diversifier ma carrière, je me laisse aller, à contre-courant de mes choix profonds, à écouter les sirènes d’un chasseur de têtes qui me propulse, en contrepartie d’un salaire sardanapalesque, vers l’ouverture et la gestion à Lyon d’une SSII spécialisée dans l’informatique de réseau. Une année de fiasco et un licenciement sec clôtureront cette erreur de parcours, pour n’avoir ni assez rapidement su intégrer les incontournables mais inabordables tenants et aboutissants techniques de cette entreprise, ni su établir les indispensables rapports avec la jungle hirsute, pétardière et noctambule des techniciens maison. Une nouvelle période de chômage contribue à m’aider à me débarrasser des préjugés sociétaux liés à la représentativité d’une activité. C’est ainsi que, débarrassé des contraintes tentaculaires de mon nouveau job, je décide de davantage m’investir dans une école de Karaté ralliée en 1986, dont la méthode avant-gardiste défrayait alors la chronique. Une idée de plus en plus précise était en train de se transformer en projet.
En 1995, fort de mes acquis agrégés dans le domaine de l’entreprise et de mon maintenant acceptable niveau en Karaté, je crée de toutes pièces, avec foi et passion, un module de formation nommé « MAGNITUDEPLUS », jouant sur un parallèle comportemental entre le guerrier vainqueur et le manager gagnant. Un statut de formateur agréé m’est décerné, à l’issue de longs échanges stériles avec le ministère du Travail.
Ce module sera très prisé par les écoles de commerce de l’Hexagone jusqu’en 2002. Malgré la perspective de plusieurs contrats fructueuxet durables, je dus, la mort dans l’âme, abandonner cette activité, compte tenu des problèmes récurrents de trésorerie liés aux non-paiements dans les délais des organismes consulaires régissant les écoles de commerce.
Dès 1995, mes fins de semaine – parallèlement à mes cours et à ces sessions de formation – furent consacrées à une affaire de brocante sur les marchés spécialisés, sous forme de dépôt-vente. C’est ainsi que je devins une des incontournables figures parmi les marchands des Puces du canal à Villeurbanne, spécialisé en jouets anciens. Ce fut ainsi, également, que je m’accoutumai à ne jamais me reposer, passant en permanence d’une activité à l’autre.
En 2010, après mille et une tensions d’ordre personnel mais aussi organisationnel et surtout relationnel, je décide de rompre net mes relations avec mon maître de Karaté, dont les comportements ne collent décidément pas avec le discours, et je rejoins simultanément deux écoles d’obédience martiale sinisante, me spécialisant sur le travail sur les énergies. (Qi qong, nei gong, Yang sheng, tai chi chuan), au nom desquelles j’enseigne encore, à l’heure où j’écris ces lignes.
Mon expérience résulte de la fréquentation de tous ces milieux très différents.
À ma retraite, en 2015, rattrapé et happé par mon vieux démon de l’écriture, je m’investis dans l’élaboration de chroniques sociétales, pamphlétaires ou apologiques, de nouvelles ainsi que dans une biographie martiale de plus de mille pages en trois tomes, sans oublier un recueil d’anecdotes de brocante, de quelques romans dystopiques, entre autres projets en cours.
Mes valeurs se conjuguent essentiellement autour de l’humain, et plus précisément de mon enracinement et mon indéfectible attachement à la notion de famille, à mes familles : celle au sein de laquelle, où, bridé par un père aussi autoritaire qu’exigeant, je tentais d’exprimer des tendances indépendantistes qui ne me valurent qu’un statut de « mal ainé ». Celle que j’ai fondée avec mon épouse, dont j’ai eu trois enfants qui nous ont donné quatre petits-fils). Celle aussi, agrégée au fil des années par les nombreux élèves de l’école d’arts énergétiques et martiaux que j’ai fondée en 1993 et dirige encore à ce jour, les accompagnant tous sur le chemin de la vie, grâce à mon expertise de l’outil martial et mes capacités de leader.
Mon style d’écriture, dit « cinématographique » et descriptif pour des lecteurs acquis à ma plume, oscille entre l’autodérision, la nostalgie, l’absurde, mais aussi une nette tendance à la recherche systématique de ce qu’une situation peut receler d’humoristique, à propos de tout et sur tous, même lors de mes improbables incursions dans des propos se voulant sages et philosophiques. Mes phrases parfois trop longues et abondamment adjectivées, ma dite surreprésentativité de mots « rares » agacent d’autres lecteurs…, ceux, sans doute, plutôt adeptes de l’onomatopée… ou du cri qui tue ?
JC Guillot